Le violon c'est quatre fils,
Un petit bout de bois fragile
Où funambule cette main,
Le violon, faut bien le dire,
Quand c'est mal joué y'a rien de pire,
Crève-tympan et crincrin.
Le violon c'est slave
On ne choisit pas,
Il y en a qui savent,
Y en a qui savent pas!
Le violon c'est la valise
Que tu boucles vite, la chemise
Que tu enfiles à la hâte,
Même pas le temps de comprendre,
On va te crucifier, te prendre,
On va t'étoiler et te battre.
Le violon c'est slave
On ne choisit pas,
Il y a les esclaves
Et il y a les rois!
Le violon c'est ce miracle
Qui fait que sous l'archet qui racle
S'élèvent, purs, la partita,
Les airs bohémiens de Pablo,
Les caprices de Niccolo,
Les danses hongroises et les doïnas.
Le violon c'est slave
On ne choisit pas,
De ville en village,
De steppe en toundra!
Le violon c'est ma paresse
Qui fait que je n'suis pas Heifetz,
Joue pour moi, joue pour moi, Jascha,
Toi qui me fait dire des "Je t'aime",
Qui me fait écrire des poèmes,
Paroles que j'n'osais même pas.
Le violon c'est slave
On ne choisit pas,
Incha, Inchallav,
Incha, Inchallah!