Les femmes, elles vivent,
Elles ne rêvent pas,
Elles sont la chaux vive
Ou le sable gras,
Elles sont comme la terre
Qu'on arrosera,
Elles donnent des parterres
De fleurs pour nos bras...
Ah oui, les femmes, elles sont agraires,
Ah oui, les femmes sont terre-à-terre,
Mais que j'en sois une tantôt,
On ne m'arrosera jamais trop...
Les femmes, elles attendent,
Elles ne chassent pas,
Les femmes, elles défendent
Leurs tendres appâts,
Et quand elles gémissent,
Sur un bout de plage,
Elles disent qu'elles subissent
Les derniers outrages...
Ah oui, les femmes, elles jouent la farce,
Ah oui, les femmes, elles jouent les garces,
Mais qu'j'en sois une l'année prochaine,
J's'rai encore meilleure comédienne...
Les femmes, on voudrait
Qu'elles se souviennent,
Des semaines après,
De cette heure ancienne,
Où elles murmuraient
"Je t'aime, mon chéri",
Mais les femmes, c'est vrai,
Les femmes, ça oublie...
Ah oui, les femmes, elles sont futiles,
Ah oui, les femmes sont versatiles,
Mais qu'j'en sois une un peu plus tard,
J'aurai encore moins de mémoire...
Les femmes, elles résistent,
Elles ne cèdent pas,
Au premier service,
A la deuxième fois,
Mais quand elles rougissent,
En ouvrant leurs draps,
V'là qu'elles comptent dix
Quand j'arrête à trois...
Ah oui, les femmes, elles sont lascives,
Ah oui, les femmes sont excessives,
Mais qu'j'en sois une avant ma mort,
Moi je battrai tous les records...
Les femmes, elles grignotent
Le bout de nos ailes,
Les femmes, elles trottent
Dans notre cervelle,
Mais quand elles nous rendent
Plus fous que des bêtes,
Les femmes elles nous tendent
L'habit de poète...
Ah oui, les femmes, ces Méduse,
Sont nos impitoyables Muses,
Mais qu'j'en sois une après mes cendres,
Je serai bien pire que Cassandre...
Les femmes, elles voudraient
Ne pas être comme ça,
Les femmes, elles voudraient,
Mais elles ne peuvent pas,
Les femmes, c'est vrai,
Pleurent ce qu'elles n'ont pas,
Car les femmes auraient
Voulu être des gars!
Alors j'leur donne c'qui les complète,
Et à chaque amour, je m'répète,
Qu'j'aurais pu être corbeau à Rome,
Ou blanc pastoureau à Sodome,
Et qu'en fin de compte, les vrais hommes
Sont ceux qui n'leur jettent pas la pomme!